SpectaclesCréation le 21 mars 2017Espace GO, Montréal, Québec

Avant-Garde

de Marieluise Fleisser

On ne savait pas au juste si elle était sa collaboratrice, son amie, sa maîtresse, ou si elle deviendrait sa femme.

AVANT-GARDE 2017
AVANT-GARDE 2017
AVANT-GARDE 2017

À Propos

Avant-garde raconte le parcours d’une jeune fille de province qui veut écrire, Cilly Ostermeier, son arrivée dans la grande ville et sa vie auprès d’un génie qui exerce un pouvoir à la longue destructeur sur elle. Ne pouvant plus supporter cette pression, elle le quitte pour retourner dans sa ville natale où elle rencontre un homme à l’opposé de l’autre, champion de natation…

Si à travers ce récit se dessinent nettement des traces autobiographiques et les contours du jeune Bertolt Brecht en pleine ascension, Marieluise Fleisser transcende cette expérience qu’elle a vécue dans une œuvre littéraire qui secoue profondément les paradoxes d’une femme créatrice, prise entre ses incertitudes, ses doutes, son désir amoureux et la nécessité de se rebeller et d’assumer pleinement la construction de son œuvre. Son style précis et acéré, qui se donne la liberté des ruptures, des coupes brusques et des associations poétiques surprenantes, ne tombe jamais dans l’affliction ou le misérabilisme. Marieluise Fleisser porte un regard lucide et sans compromis sur la complexité de sa situation de femme muse et de femme créatrice.

Diffusions

du 21 mars au 15 avril 2017

Espace Go, Montréal

Crédits

Texte: Marieluise Fleisser
Traduction: Henri Plard (Éditions de Minuit)
Adaptation et mise en scène: Denis Marleau
Collaboration artistique et vidéo, scénographie: Stéphanie Jasmin
Avec: Dominique Quesnel + Jérôme Minière
Assistance à la mise en scène: Carol-Anne Bourgon Sicard
Éclairages: Lee Anholt
Trame sonore, arrangements et interprétation des chansons: Jérôme Minière
Musique: Kurt Weill
Conception des costumes, maquillages et coiffures: Angelo Barsetti
Diffusion et montage vidéo: Pierre Laniel

Producteurs
Une coproduction d'UBU + Espace GO

Revue de presse

Sur un plateau sombre, équipé d’écrans translucides sur lesquels sont projetés des photos et des films d’époque, au ralenti et légèrement flous, comme les présences évanescentes d’humains fréquentés dans sa jeunesse, le personnage de Cilly passe lentement de la candeur à la révolte. L’interprète, d’une justesse sans faille, est appuyée par la prestation musicale de Jérôme Minière. Avec sobriété, celui-ci offre des interprétations sensibles de songs de Kurt Weill tirées notamment de L’Opéra de Quat’Sous, archiconnues, qu’il arrive à réinventer, qu’il les chante en anglais ou en allemand.

À l’abondance de texte et au minimalisme de la mise en scène (...) Jérôme Minière offre un contrepoint en chantant joliment quelques-uns des airs de Brecht et de Weill. Dans un dispositif scénique où la transparence et les projections vidéo occupent une place de choix, Dominique Quesnel évolue sur une passerelle entre le passé et le présent, la campagne et la ville, la soumission et l’indépendance.

La musique et les images du Berlin d’époque, manipulées au ralenti par Stéphanie Jasmin, assurent le contrepoint parfait à une performance dont le crescendo bien planifié nous amène à l’explosion de douleur du personnage principal. Renversant !

Sur un ton juste et touchant, sans qu’on s’en lasse une seule seconde, Dominique Quesnel est criante de vérité dans ce solo troublant qui la pousse jusqu’au bord des larmes. La comédienne (...) a visiblement été bien dirigée par Denis Marleau dans ses moindres gestes et mimiques, créant avec ce personnage pour le moins paradoxal une osmose belle à voir.

LES MÉCONNUS

Edith Malo

Des images défilent sur des boîtes en plexiglas, créant un univers voluptueux. Les contours flous dessinent des femmes des années 30, 40 qui s’estompent, vaporeuses. Des images de la ville, celle où le succès est pressenti pour les artistes émergents, sont également projetées, ainsi qu’un train en mouvement qui relie Marieluise/Cilly de sa ville natale d’Ingolstadt à Berlin. Ces images nous font voyager au rythme de la prestation musicale de Jérôme Minière. Sa participation agit telle « une mémoire sensorielle » comme le précise Denis Marleau, mais révèle aussi une époque qui explose sur le plan artistique.

Dominique Quesnel est captivante et sait utiliser le ton nécessaire pour stimuler l’attention. Avec une sobriété dans le décor, des images floues projetées sur les cases illustrant les propos évoqués, et les ombres en arrière-plans, on focalise notre regard sur cette femme face à nous, tout en appréciant la métamorphose constante autour d’elle.