SpectaclesCréation le 20 février 2018Espace GO, Montréal

Les Marguerite(s)

de Stéphanie Jasmin

Triptyque pour une danseuse, une actrice et une jeune fille.

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À Propos

Les seules certitudes sur la vie de Marguerite Porete restent son livre Le Miroir des âmes simples et anéanties, les deux procès qu’elle a subis pour l’avoir écrit et sa mort sur le bûcher sur la Place de Grève à Paris en 1310. Lors du premier procès, seul son livre sera livré aux flammes, en guise d’avertissement, sur la place de Valenciennes. Quelques années plus tard, c’est devant l’Inquisiteur du Roi qu’elle devra comparaître pour un second procès dont l’issue sera cette fois fatale pour elle.

Dans Les Marguerite(s) Stéphanie Jasmin reprend la structure du procès pour dresser une enquête poétique sur cette femme qui, dans la lignée des grandes mystiques du Moyen Âge, a écrit un livre à la beauté fulgurante et singulière qui se démarque des autres. En guise de témoins, Stéphanie Jasmin, au lieu des 21 théologiens appelés par l’Inquisiteur à l’époque à analyser les extraits du manuscrit incriminé, a imaginé six femmes, toutes appelées Marguerite aussi, qui ont existé du XIIIe siècle à aujourd’hui.

Ainsi Marguerite d’Oingt, de Constantinople, de Navarre, d’York, Duras et une jeune Marguerite d’aujourd’hui viendront chacune évoquer le lien rêvé, hypothétique ou réel qu’elles ont avec Porete ou son livre pour tenter d’en réaliser un portrait cubiste. Sur le plateau, trois interprètes, Louise Lecavalier, Céline Bonnier en alternance avec Évelyne Rompré, et Sophie Desmarais, incarneront tour à tour le silence de Marguerite durant son procès et les Marguerite témoins. Dans un atelier de travail contemporain, avec outils et appareillage technique, elles seront, telles des artistes, à la recherche d’une forme à donner à cette énigmatique Marguerite Porete et de percées à créer sur son monde réel et poétique à partir du nôtre.

Diffusions

du 20 février au 17 mars 2018

Espace GO, Montréal

Crédits

Texte: Stéphanie Jasmin
Mise en scène et vidéo: Denis Marleau + Stéphanie Jasmin
Avec: Céline Bonnier ou Évelyne Rompré (en alternance) + Sophie Desmarais + Louise Lecavalier
Assistance à la mise en scène et technicienne: Carol-Anne Bourgon Sicard
Scénographie: Stéphanie Jasmin
Musique: Ana Sokolović
Chorégraphie: Louise Lecavalier
Dramaturgie de la chorégraphie: Stéphanie Jasmin
Éclairages: Marc Parent
Costumes: Ginette Noiseux
Costume de Louise Lecavalier: Louise Lecavalier, conseillée par Angelo Barsetti
Design sonore: Julien Éclancher
Sculptures: Claude Rodrigue
Diffusion et montage vidéo: Pierre Laniel
Maquillages et coiffures: Angelo Barsetti

Producteurs
Une coproduction d'UBU + Espace GO

Revue de presse

Pour raconter le silence du procès, la chorégraphie et la danse de Louise Lecavalier racontent l’hésitation, le doute, l’accablement, la fatigue que Marguerite Porete a certainement dû éprouver devant le jury d’inquisiteurs. Sur la musique d’Ana Sokolović, un chant de violons d’une grande beauté, la danseuse, tout en noir dans le décor blanc d’un atelier poussiéreux, écrit dans l’espace le désarroi de la suppliciée. Et c’est sublime.

La deuxième partie nous présente cinq autres Marguerite qui ont connu et lu Marguerite Porete, ou pas, et qui racontent leur vie, parfois tragique, de femme. Céline Bonnier réussit le tour de force de rendre vivante, vibrante même, chacune de ces femmes tout aussi exemplaires que leur consœur sacrifiée par la vanité des hommes.

Stéphanie Jasmin relie les époques en un passionnant pèlerinage dans Les Marguerites. […] La troisième portion est consacrée à une jeune femme d’aujourd’hui fortement remuée par le traité de Marguerite Porete. Brillamment défuendu par Sophie Desmarais, le monologue rendant notamment hommage à Sarah Kane et à Nelly Arcand, évoque de manière poignante ces femmes d’hier et d’aujourd’hui qui cherchent toujours à nommer les contradictions de leur vie intérieure, à donner une dimension sacrée à leur passage, quête de transparence qui porte en elles toutes celles qui ont précédé.

SÉQUENCES

Élie Castiel

La scénographie offre de nouvelles perspectives dans l’art de la représentation, dépassant le réalisme contemporain par la prise en charge d’approches innovantes et multiformes. […] À l’Espace GO, une pièce d’une rare richesse et qui somme le spectateur à se débarrasser de son confort pernicieux et de son indifférence. Denis Marleau et Stéphanie Jasmin gagnent leur audacieux pari.

RADIO-CANADA

Karyne Lefebvre

On va voir le corps de Lecavalier se tordre, se tendre, sur cette musique très particulière, ces cordes de Ana Sokolovic [...] dans un silence quasi religieux, on est happé, elle a une présence scénique singulière.[...] ce qui va nous garder dans un état de tension formidable.

J’ai retrouvé avec joie [l'] écho technologique (sur une mécanique plus sophistiquée) [d'UBU] dans Marguerite(s) [...]. L’oeuvre sur fond blanc [...] embrasse la modernité et l’intemporalité. Jeu d’équilibristes. Les Marguerite(s) représente à mes yeux l’aspect le plus original de la griffe québécoise sur scène : cet alliage de la mémoire créatrice et des explorations numériques, quand le doigt de la grâce daigne les toucher.