Terrasses (FIL)

“Dans ce texte qui est à la fois un récit et une pièce de théâtre, l’écrivain se glisse dans la peau des victimes des attentats du 13 novembre 2015, à Paris, et imagine les instants juste avant la tragédie. Il donne aussi la parole aux proches et aux premiers intervenants qui ont découvert les scènes d’un carnage. Un procédé d’empathie qui permet à Gaudé d’imaginer des pensées, des doutes, des promesses, des moments furtifs de bonheur et de désespoir. Le résultat, sur scène, est bouleversant, à la fois déchirant et d’une grande humanité. Une célébration de la vie, en quelque sorte. […] Le pari de l’écrivain : faire en sorte que les humains, peu importe leur origine ou leur histoire, puissent se retrouver dans les interstices de l’Histoire.

“Je peux dire que j’ai été bouleversée quand j’ai lu ça et je pense que la réponse devrait être assez émouvante… L’adaptation théâtrale de TERRASSES a déjà été présentée à Paris en mai dernier et il y avait beaucoup de Québec dans cette pièce-là : Denis Marleau à la mise en scène, Stéphanie Jasmin à la vidéo, Emmanuel Schwartz, Monique Spaziani qui font partie de la distribution… Est-ce que c’était une évidence que ce soit présenté ici ?

“Les événements de novembre 2015, le Québec les a vécus de loin […]. En reprenant la mise en scène à Montréal, Denis Marleau s’adresse donc à un nouveau public. […] Il y a dans TERRASSES à la fois la légèreté de cette soirée d’automne jusque-là anormalement agréable, et l’horreur brute, la peur et la souffrance sous les balles. Mais à travers les voix de ses personnages, Laurent Gaudé semble vouloir envelopper les victimes dans un linceul de tendresse. Ici, c’est une amoureuse qui s’éteint en rêvant d’un dernier baiser ; là, c’est cette mère qui se laisse envahir par l’image de sa petite fille avant de s’effondrer sur la piste de danse.

“Le vendredi 13 novembre 2015 à Paris, trois attaques terroristes au Stade de France, sur les terrasses de cafés et dans la salle de spectacle du Bataclan, ont tué, au hasard, 130 personnes en plus d’en blesser 400 autres. L’écrivain français Laurent Gaudé s’est inspiré de cette tragédie pour écrire un texte d’une grande sensibilité, oscillant brillamment entre lyrisme poétique et nuances de l’intime. Comme dans LE TIGRE BLEU DE L'EUPHRATE (également porté à la scène au Québec par Denis Marleau), le génie de Gaudé réside dans sa capacité de placer le public, lecteur ou spectateur selon le cas, au cœur de l’action, tout en lui donnant accès aux pensées et aux émotions des personnages.

““On assiste avec TERRASSES à une poétisation du moment tragique, puis à l’apparition du nous qui raconte la réalité intime et le moment de la bascule dans l’horreur”, évoque [Denis Marleau], caractérisant le désir de Gaudé à amener une pensée de résistance et de foi en la vie, au-delà de la mort et de la tristesse. La magie en somme du théâtre qui permet cette rencontre de morts et de vivants. Afin de hisser le chant choral de Gaudé, Denis Marleau et son acolyte Stéphanie Jasmin suivent la “polyphonie des voix”, explique le metteur en scène.

“Je m’attendais à assister à une lecture, mais c’était incroyablement touchant : très, très, très fort ; une mise en scène très solide ; pas un bruit dans la salle, les gens n’osaient même pas tousser. Ça a été vraiment un triomphe. Mais seulement pour deux jours et c’est pour ça que je voulais en parler : j’aimerais que ce soit remis en scène parce que c’était extrêmement touchant, très bien fait et écrit vraiment… une écriture magnifique !