SpectaclesCréation le 02 avril 2024Espace GO, Montréal

Un cœur habité de mille voix

de Marie-Claire Blais

« je vais te dire la vérité, Louise, je m’ennuie des miennes, les filles, c’est dur, des pieds, des jambes qui font mal, des yeux qui voient tout en double, bien que j’entende parfaitement la grande musique des voix, chaque jour, me disant, suis-je déjà au paradis, est-ce que l’on y reçoit avec élégance et bonté les personnes trans, sinon renvoyez-moi sur terre »

Un cœur habité de mille voix
Un cœur habité de mille voix
Un cœur habité de mille voix
Un cœur habité de mille voix
Un cœur habité de mille voix

À Propos

À 93 ans, René se sent soudain devenu un vieux monsieur. Confiné dans son appartement montréalais, il est réconforté par les soins empressés d’Olga, son infirmière qui multiplie les maladresses par rapport à son identité de genre.

Louise, son amie de toujours, l’aide à s’habiller pour la grande fête qui doit à nouveau réunir les « filles de la bande » – les comédiennes Doudouline et la Grande Sophie, sa mère, Polydor, et l’éternelle Gérard – comme au temps où René était pianiste dans les cabarets. En attendant ces retrouvailles, Louise évoque pour René les amours du passé, les drames et les luttes menées contre l’intolérance.

Délaissant les personnages qui peuplent l’immense fresque de sa série Soifs, Marie-Claire Blais reprend dans Un cœur habité de mille voix les personnages de deux précédents romans, Les Nuits de l’Underground (1978) et L’Ange de la solitude (1989), pour nous faire revivre les grands moments de militantisme pour les droits des personnes homosexuelles qui ont marqué le siècle dernier, des émeutes de Stonewall jusqu’à nos jours. « Cette nuit-là, nous avons appris à nous défendre contre les coups, ce fut le jour d’une révolution mémorable, pensait René. » À travers ce dernier roman publié de son vivant, Marie-Claire Blais nous fait découvrir une galerie de personnages inoubliables dans leur complexe et bouleversante humanité, tout en faisant le révoltant portrait de l’homophobie de l’époque. René qui fut déclaré femme tout en se sachant homme n’a jamais cessé de devoir se battre pour exister en tant que personne trans. L’identité de genre et les existences queer sont des thèmes chers à Marie-Claire Blais, au moins depuis Les Nuits de l’Underground (1978), ramenés au centre de son œuvre après les sorties homophobes et transphobes de l’ex-président Donald Trump en 2017.

Primée maintes fois et dans plusieurs pays, Marie-Claire Blais est l’une des grandes autrices de langue française. Lancée par Une belle bête en 1959, son œuvre – qui comprend près de trente romans – prend une envergure internationale avec la parution d’Une saison dans la vie d’Emmanuel, récipiendaire du prix Médicis en 1966. Son écriture, hantée par les pulsions sexuelles et la violence, cherche par l’élévation de la pensée à rendre compte de l’insondable complexité du monde et de la vie humaine. Avec le roman Soifs, publié en 1995, elle entreprend un vaste cycle de douze romans sur l’Amérique au tournant du XXIe siècle, que clôt Augustino ou l'illumination, roman inachevé paru de manière posthume en 2022.

Née à Québec le 5 octobre 1939, Marie-Claire Blais a vécu un bon nombre d’années à Key West en Floride avant de nous quitter le 30 novembre 2021.

Pour donner vie à ces personnages, Stéphanie Jasmin et Denis Marleau ont confié l’adaptation de ce roman de Marie-Claire Blais à Kevin Lambert, auteur originaire du Saguenay, dont les deux premiers romans, Tu aimeras ce que tu as tué (finaliste du prix Médicis et prix Découverte du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean) et Querelle de Roberval (prix Sade, sélection des prix Wepler et Médicis), ont connu un succès éclatant qui a largement dépassé nos frontières. Son plus récent roman, Que notre joie demeure, a finalement valu le prix Médicis à Kevin Lambert, qui le présente d'ailleurs comme un hommage à Marie-Claire Blais, dont les livres ont changé sa vie et son regard sur l’écriture.

Diffusions

2 au 28 avril 2024

Espace GO, Montréal

Crédits

Texte : Marie-Claire Blais
(d'après le roman publié aux Éditions du Boréal en 2021)
Adaptation : Kevin Lambert
Mise en scène : Denis Marleau et Stéphanie Jasmin
Avec : Elisabeth Chouvalidzé, Pascale Drevillon, Nadine Jean, Louise Laprade, Sylvie Léonard, Jean Marchand, Christiane Pasquier + Victor Cuellar, caméraman
Scénographie et vidéo : Stéphanie Jasmin
Éclairages : Marc Parent
Musique : Alexander MacSween
Costumes : Ginette Noiseux
Maquillages et coiffures : Jacques-Lee Pelletier
Accessoires : Camille Walsh
Masque : Claude Rodrigue
Design sonore : François Thibault
Montage et staging vidéo : Pierre Laniel
Assistance à la mise en scène : Carol-Anne Bourgon Sicard
Assistance à la scénographie : Marine Plasse
Assistance aux costumes : Pierre-Guy Lapointe
Conseil littéraire : Maxime Poirier Lemelin
Conseil en voix et diction : Marie-Claude Lefebvre

Équipe de production
Direction de production UBU : Martin Émond
Direction technique : Julien Boisvert
Direction technique/décor : Étienne Boucher-Cazabon
Régie lumières et vidéo : Marguerite Hudon
Régie son : Gabrielle Couillard
Habilleuse : Nicole Langlois
Coupe costumes : Gabrielle Lachance
Tailleur : Patrice Gagnon
Chapeau : Lucie Grégoire
Impression textile : Katherine Paré
Perruques : Sarah Tremblay
Construction du décor : Acmé Décor + Les Ateliers Boscus

Producteurs
Une coproduction d'UBU + Espace GO

Revue de presse

LA PRESSE

Luc Boulanger

Toute la distribution fait vibrer la voix fragile et profonde de Marie-Claire Blais… La mise en scène du tandem Marleau-Jasmin est très rigoureuse. Le cameraman Victor Cuellar nous donne accès aux souvenirs et aux émotions des protagonistes, qu’il filme en gros plans. Le décor, aussi de Jasmin, éclairé par Marc Parent, est magnifique. […] Il y a une filiation artistique et idéologique entre Kevin Lambert et Marie-Claire Blais. Un regard sensible sur l’écriture, et sur la vie en marge de l’élite dominante. Ce qui donne à cette proposition encore plus de pertinence.

[…] un testament, tant social qu’artistique, et une invitation à l’action pour les futures générations. Dans une mise en scène balancée avec justesse de Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, les personnages éclectiques et bigarrés de la prose exigeante et unique de Marie-Claire Blais trouvent parfaitement leur place.

RADIO-CANADA

Sonia Sarfati

Vous ne voulez pas rater ça ! C’est extrêmement réussi. […] J’ai rarement vu 90 minutes passer aussi vite tout en pensant vraiment que chaque seconde avait de la valeur et de la richesse.

Le duo [Stéphanie Jasmin et Denis Marleau] dirige une autre production à l’esthétique splendide qui fait la place belle au texte d’une des plus importantes autrices contemporaines, ainsi qu’à son message empreint de résilience et de tolérance.

RADIO-CANADA

Katerine Verebely

La grande vedette de cette pièce, c’est Marie-Claire Blais. On sent sa présence partout et à quel point ses mots sont traités avec respect par Kevin Lambert. […] Il faut que je vous parle de la distribution dominée par les femmes ; elles sont toutes très bonnes. […] Je souligne la finale qui est vraiment en beauté !

THÉÂTRALITÉS

Yanik Comeau

BEAUTÉ ! […] On sera touché que la magnifique Louise Laprade, 77 ans, prête vie à Polydor, elle qui a été une des cofondatrices du TEF […]. On se régalera du “couple” fusionnel que forment la formidable Christiane Pasquier (dans sa onzième collaboration avec Marleau !) et le virtuose Jean Marchand (première fois dirigé par Marleau mais déjà dirigé par Pasquier dans un texte de Nathalie Sarraute sur ces mêmes planches !), deux grands acteurs aux talents infinis qui livrent leurs partitions avec la précision d’un scalpel. On se réjouira de revoir Sylvie Léonard dans le giron UBU après Jelinek, Molière, Dubillard et Chaurette (quelle grande actrice !). On se délectera de revoir la grande (bien que toute menue) Élisabeth Chouvalidzé (qui aura 88 ans en juin !) sur scène dans un rôle qu’on dirait écrit pour elle […] Du bonbon ! Une force de la nature ! On se réjouira aussi de l’excellent casting de Pascale Quevillon (Olga) et Nadine Jean (Gérard) qui complètent à merveille cette distribution sénior.

NOUVEAU PROJET

Catherine Genest

UNE FRANCHE RÉUSSITE. […] Mention spéciale à Élisabeth Chouvalidzé (interprète de La Grande Sophie) qui vole le show avec ses clowneries qu’elle arrive à faire cohabiter avec de grandes envolées lyriques.

BP Arts Média

Tania Lamoureux

La scénographie est magnifique. Dans un décor blanc immaculé, épuré et sous l’œil perspicace de Victor Cuellar comme caméraman, les filles se racontent, avec leur image projetée en direct sur les murs de la scène. Créant ainsi comme une espèce d’arrêt sur le temps et reliant le passé au présent.